contraster

contraster [ kɔ̃traste ] v. <conjug. : 1>

• 1669; « lutter » 1541; réfect. a. fr. contrester, d'apr. it. contrastare

1 ♦ V. tr. Littér. Mettre en contraste. Il sait contraster les personnages.

2 ♦ V. intr. (1740) Être en contraste (choses); s'opposer d'une façon frappante. ⇒ s'opposer, 1. ressortir. Contraster très vivement (⇒ trancher) , désagréablement (⇒ détonner, jurer) avec qqch. Des couleurs, des expressions qui contrastent entre elles. « La prudence du fils contrastait étrangement avec l'heureuse audace du père » (Mérimée).

⊗ CONTR. Accorder (s'), harmoniser (s').

● contraster verbe transitif indirect (ancien français contrester, résister, du bas latin contra stare, s'opposer à, avec l'influence de l'italien contrastare) Être en opposition avec quelque chose ; s'opposer : Son calme apparent contraste avec son imagination débridée. ● contraster (synonymes) verbe transitif indirect (ancien français contrester, résister, du bas latin contra stare, s'opposer à, avec l'influence de l'italien contrastare) Être en opposition avec quelque chose ; s'opposer

Synonymes :

- détonner

- jurer

- s'opposer

- trancher

Contraires :

- s'accorder

- se fondre

- s'harmoniser

● contraster verbe transitif Mettre des choses en contraste, les opposer fortement : Contraster les couleurs dans un tableau. Accuser les oppositions entre le clair et le foncé d'une image, d'une photo.

contraster

v.

d1./d v. intr. Former un contraste, être en opposition. Sa conduite contraste avec ses propos.

d2./d v. tr. Mettre en contraste. Contraster les couleurs.

⇒CONTRASTER, verbe.

A.— Emploi intrans.

1. [Le suj. est un plur.] Être en opposition, en contraste; s'opposer :

• 1. ... ceux des phénomènes qui diffèrent ou même contrastent dans le domaine extérieur — la terre molle là, la pierre dure ici — donnent à ce même pas des sonorités différentes.

É. FAURE, L'Esprit des formes, 1927, p. 77.

— Absol. Jolies couleurs qui contrastent (BARRÈS, Mes cahiers, 1898-99, p. 80). Souvent une maison réussit par deux hommes qui contrastent (ALAIN, Propos, 1930, p. 951).

2. [Le suj. est le plus souvent un sing.] Contraster avec. Être en opposition, en contraste avec; s'opposer à; trancher avec. L'agitation de cet inconnu contrastait singulièrement avec la placidité du major (VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 49). Des pins dont la verdure presque noire contrastait si violemment avec la lumière éclatante (J. et J. THARAUD, La Fête arabe, 1912, p. 122). Une réalité sociale qui contrastait durement avec ses « chimères » (GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 60).

— [Le compl. n'est pas exprimé] Mon regard (...) aperçoit dans l'ombre une lueur d'autant plus froide qu'au dehors l'aridité contraste (JAMMES, Les Nuits qui me chantent, 1928, p. 123) :

• 2. Aspect rustique d'une petite ville de Provence. Le manteau à dentelles qu'elle avait mis contrastait singulièrement.

MICHELET, Journal, 1858, p. 408.

— Rare. Créer un contraste :

• 3. Comme dans la sérénade de Don Juan, où la guitare se moque de la voix langoureuse, Cadenet avait contrasté, mais cyniquement, éraillant les sons, déhanchant le rythme, avec des staccati canailles.

J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 211.

B.— Emploi trans. Mettre en opposition, en contraste; introduire des oppositions, des contrastes. Contraster les tons, les lignes. Il ne s'agit que de contraster quelques traits, de presser la phrase et de faire briller le mot (CHATEAUBRIAND, Fragments du Génie du christianisme primitif, 1800, p. 241). Il faut contraster les légendes, la plupart comico-tragiques, d'une gaîté héroïque (MICHELET, Journal, 1851, p. 155) :

• 4. Le bizarre et industrieux animal dialectique (...) se dépense à édifier, en appareillant et contrastant les intelligibles, la demeure de la vie spéculative.

VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 242.

— Spéc. Contraster une photographie. Accentuer l'opposition entre parties claires et parties foncées.

Prononc. et Orth. :[], (je) contraste []. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1541 contraster (à) « lutter contre » (G. DE SELVE, Huict Vies de Plutarque, Camille, 28 v° ds HUG.); 2. 1669 peint. (MOLIÈRE, La Gloire du Val-de-Grâce ds Œuvres, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 9, p. 540 : groupes contrastés [dans un tableau]). Réfection, sous l'influence de l'ital. contrastare (dep. 1^re moitié XIII^e s., « contredire, contester », G. da Lentini; « s'opposer à » dep. av. 1292, Giamboni; terme de B.-A. dep. XVII^e s., Baldinucci ds BATT.), de l'a. fr. m. fr. contrester « résister », attesté de ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2511) à 1660 (OUDIN Fr.-Esp.), du b. lat. contra stare « s'opposer à ». Fréq. abs. littér. :378. Fréq. rel. littér. :XIX^e s. : a) 792, b) 484; XX^e s. : a) 289, b) 497. Bbg. GOHIN 1903, p. 321. — HOPE 1971, p. 183.

contraster [kɔ̃tʀaste] v. tr.

ÉTYM. 1669, au p. p. (→ Contrasté); « lutter », 1541; réfection de l'anc. franç. contrester, du lat. pop. contrastare, de contra, et stare, d'après l'ital. contrastare. → Contraste.

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1 V. tr. ind. (1740). || Contraster avec (qqn, qqch.). Être en contraste (avec); s'opposer d'une façon frappante (à…). ⇒ Opposer (s'), ressortir. || Contraster très vivement (⇒ Trancher), désagréablement (⇒ Détonner) avec qqch. || Sa conduite contraste avec sa situation. || Couleur qui contraste avec une autre. — (Sujet au plur.). || Des couleurs, des expressions qui contrastent entre elles, les unes avec les autres. Absolt. || Des caractères qui contrastent. || Faire contraster des couleurs.

1 La familiarité du style qui contraste et qui tranche avec la délicatesse ou la grandeur de la pensée.

d'Alembert, Éloge de Lamotte, in Littré.

2 (…) son élégant équipage contrastait avec les lourdes charrettes (…) traînées par des haridelles attelées de cordes (…)

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 170.

3 Les têtes vigoureuses de Benassis et de Genestas contrastaient admirablement avec la tête apostolique de Monsieur Janvier (…)

Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 432.

4 La prudence du fils contrastait étrangement avec l'heureuse audace du père.

Mérimée, Hist. du règne de Pierre le Grand, p. 144.

2 V. tr. Littér. Mettre en contraste (une chose avec une autre; plusieurs choses). || Il sait contraster son sujet. || Ce peintre sait bien contraster les têtes.

♦ Faire contraster (qqch. avec qqch.).

5 (…) la pointe rose (du sein) frémit et se redresse, contrastant avec l'immobilité du marbre sa mobilité de chair.

M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 310.

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CONTR. Accorder, adopter, unifier; 2. appareiller; ressembler.

DÉR. Contrastant, contrasté. V. Contraste, contrastif.

Encyclopédie Universelle. 2012.